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Les Oscars et les discours engagés, un amour de longue date

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Le discours engagé est désormais un passage obligé pour une cérémonie des Oscars. Elle ne serait pas considérée aboutie si au moins un discours important n’était pas prononcé. Que ce soit pour des remerciements ou des présentations, nombreuses sont les stars hollywoodiennes se servant de leur montée sur scène pour énoncer des paroles fortes sur des sujets graves.

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Il n’a pourtant pas fallu attendre Donald Trump ou le mouvement #MeToo pour entendre des discours forts et engagés aux Oscars. Les Spike Lee, Frances McDormand, Patricia Arquette ou encore Jared Leto ont bien des prédécesseurs dans le domaine. A des époques où ce n’était pas encore une norme. Florilège.

1973 : Marlon Brando

C’est peut-être l’action la plus forte jamais menée sur la scène des Oscars. Alors récompensé pour son rôle dans Le Parrain, Marlon Brando refuse la récompense. L’acteur ne se présente pas sur scène mais envoie une jeune apache, Sacheen Littlefeather, habillée en tenue traditionnelle, pour défendre la cause des indiens d’Amérique.

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1993: Richard Gere

Venu remettre un prix lors de la cérémonie, Richard Gere profite de l’occasion pour appeler le président chinois de l’époque, Deng Xiaoping, à libérer le Tibet. L’acteur réclame également à ce qu’une attention particulière soit apportée aux droits humains des Tibétains.

1978 : Vanessa Redgrave

Les Etats-Unis sont des amis d’Israël. Hollywood aussi. Du moins, selon Vanessa Redgrave. Lorsque l’actrice remporte son Oscar pour Julia, elle s’en prend ouvertement à l’Académie et aux « extrémistes de la Ligue de Défense des Juifs » sous les huées d’une partie du public. Vanessa Redgrave a produit cette année-là un documentaire sur la Palestine dont une des diffusions a subi une attaque à la bombe.

1994 : Tom Hanks

Lauréat du meilleur acteur pour sa performance dans Philadelphia, Tom Hanks appelle à l’intelligence et à la tolérance des citoyens américains pour défendre les libertés des homosexuels. Il en profite pour saluer deux des plus grandes personnes à ses yeux dont le combat pour vivre leur vie normalement est un exemple pour lui. Le seul souci de son discours, l’une des deux personnes citées, son ancien professeur d’art dramatique, au moment de la cérémonie, n’avait pas fait son coming-out…

2002 : Halle Berry

Lorsqu’elle remporte l’Oscar de la meilleure actrice pour sa performance dans A l’ombre de la haine, Halle Berry devient la première actrice afro-américaine à remporter ce trophée. Emue comme jamais, elle dédie ce prix à toutes ces grandes actrices n’ayant jamais eu la récompense. Elle ajoute que, désormais, la porte est ouverte pour toutes les femmes de couleur afin que leur travail soit reconnu. Aucune ne lui a jusqu’à présent succédé.

2003 : Michael Moore

Michael Moore est un cinéaste engagé n’ayant pas sa langue dans la poche. Sur scène après avoir remporté le prix du meilleur documentaire pour Bowling for Columbine, le lauréat s’énerve contre la guerre en Irak menée par le président George W. Bush. Sous les huées d’une partie du public, il n’aura pas l’opportunité de finir son discours. Erreur qu’il réparera quinze ans plus tard lors d’un prix remporté pour l’ensemble de sa carrière.

2009 : Sean Penn

Avec Harvey Milk, l’histoire du premier homme politique américain ouvertement gay, Sean Penn remporte son deuxième Oscar. Dans son discours, il commence par plaisanter sur les insultes récurrentes « homo-lovers » à l’égard d’Hollywood avant d’enchaîner sur la honte qu’auront les petits-enfants de ceux qui empêchent la légalisation du mariage homosexuel.

Y compris pour ceux qui ne sont pas friands de ces discours engagés, il n’a pas fallu attendre la remarque acerbe de Ricky Gervais aux derniers Golden Globes. En effet, le scénariste oscarisé pour Network Paddy Chayefsky se déclarait « fatigué et malade » dès 1977 des propos politiques tenus par certains lauréats.

Entre l’égalité femmes-hommes, le manque de diversité, la présence (et possible réélection) de Donald Trump à la Maison-Blanche, ou encore l’écologie, une chose est sûre : le cru 2020 ne devrait pas manquer de discours engagés.

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