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Le succès de Parasite

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C’est l’histoire d’un seul plan. Un seul plan qui caractérise les protagonistes de Parasite. Un seul plan qui résume l’impact du film coréen aux Etats-Unis. Au début du film, la famille Ki-taek assemble des boîtes en carton pour une pizzeria. Suite à une mauvaise production, la représentante de la pizzeria retire une partie du salaire versé à la famille. Alors, le fils s’entreprend de s’approcher d’elle pour entamer une négociation. Sous couvert d’un sourire enchanteur et d’une voix mielleuse, il persuade l’employée de virer un de ses collaborateurs pour l’embaucher à sa place tout en payant sa famille pour le travail fourni. Le temps des négociations, sa sœur entre dans le champ de la caméra, puis la mère. Ensemble, ils encerclent l’employée, envahissent l’écran, ne laissent aucun point de fuite. C’est l’histoire du film outre-Atlantique. Progressivement, tout doucement, le film s’est accaparé l’intérêt du public, des critiques, de la profession, devenant le centre d’attention de tous à l’arrivée des Oscars.

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Parasite a fait l'objet d'une ressortie dans les salles américaines à l'occasion des Oscars - ©Paul Guianvarc'h

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Un engouement massif aux Etats-Unis

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L’emballement à Los Angeles se fait sentir à mesure que les cérémonies de récompenses jonchant la course aux Oscars avancent. Golden Globes, SAG Awards, les récompenses pleuvent. Au box-office US, Parasite est dans le top 10 des films étrangers rapportant le plus d’argent (il est à plus de 53 millions de dollars sur le sol américain). Quelques jours avant les Oscars, le journal Le Monde interrogeait Jin-young Sung, la responsable des relations publiques du centre culturel coréen de Los Angeles. A un goûter d’enfants auquel elle et son fils étaient invités, elle déclare « il n’y avait que des blancs, mais tout le monde parlait de Parasite ».

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Sur place, tout le monde connaît le film de Bong Joon-ho. Le projectionniste danois d’un cinéma grand public à LA ? « Chef-d’œuvre » ! Les étudiants d’UCLA ? « Incroyable », « j’adore »… Un retraité sur Hollywood Boulevard ? « Il mérite un Oscar ». Même notre Laurent Weil national en parle comme un film « d’une richesse infinie, tant sur le fond que dans la forme ». Dès le terme « cinéma » prononcé, les gens se lancent naturellement sur Parasite et révèle un film touchant un public très élargi. L’engouement de tous bords est tel qu’à l’approche de la cérémonie, une impression commune germe dans les esprits : Parasite peut remporter l’Oscar du meilleur film. Tous les voyants sont au vert pour un immense succès lors de la cérémonie. Résultat : quatre Oscars (film, réalisateur, scénario original, film international).

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Un succès historique loin d’être anodin

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Parasite est devenu le premier film non-anglophone à recevoir la plus prestigieuse des statuettes de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences. Certes, The Artist a été récompensé en 2012 mais le film étant muet, il n’était pas considéré comme un film français par l’Académie. Même constat pour le film sino-italien Le Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci (auréolé de neuf Oscars en 1988 dont meilleur film) dont la production était classée, en partie, britannique. Si la porte ouverte cette année par les Oscars marque un tournant dans l’histoire de la cérémonie, il est tout sauf anodin que ce changement se fasse à travers le chef-d’œuvre de Bong Joon-ho. A l’image du film de Michel Hazanavicius, le succès du film coréen aux Etats-Unis, et à Hollywood, relève également du fait que le cinéaste utilise les codes hollywoodiens pour sa réalisation.

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Le réalisateur sud-coréen a toujours été attiré par les films grand public permettant une réflexion, en témoigne ses œuvres Memories of Murder (2001), The Host (2006) et, dans une moindre mesure, Mother (2009). Ses qualités d’auteur servent des films à grand spectacle, accessibles à tous puisqu’il condense plusieurs films en un à chaque fois. Il entame ensuite une carrière à Hollywood, où il réalise deux films, Snowpiercer (2014) et Okja (2017). Déjà virtuose, Bong Joon-ho perfectionne sa mise en scène pour obtenir un résultat plus épuré, plus spectaculaire, plus efficace. La gestion du rythme, entre temps forts et temps faibles, devient primordiale afin de ne jamais perdre l’attention du spectateur. Ce sont ces mêmes codes que le cinéaste adapte dans Parasite, un mélange d’une forme hollywoodienne avec un fond coréen. Cela lui permet de développer un scénario comme il les aime : une petite histoire dans la grande. L’ensemble fait de Parasite un film profondément coréen tout comme il s’agit d’une œuvre universelle. Le film est inclassable, sinon dans la catégorie chef-d’œuvre.

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